Le récit de Psyché est celui de l’amour impossible. Il se voit associé à la valeur érotique de la volupté. Or si ce terme est compris de nos jours dans la sphère du désir et du plaisir en contrepartie de la douleur, le mythe originel est plus ambigu. Si la volupté est entendue comme ce qui plaît aux sens pour adoucir les épreuves de la vie, comme ce baiser qu’Éros dépose sur les lèvres de Psyché, elle demeure aussi friable que le pain trempé dans un liquide ou dans l’assaisonnement du vinaigre pour en apaiser le goût. Les termes anciens se rattachant à ce type de raffinements en soulignent les dangers qui conduisent à la mollesse, à la débauche ou à des désirs funestes tel celui de Psyché qui trouve la mort pour avoir ouvert un étui confié par Perséphone et destiné à Aphrodite sur les secrets de la beauté. La volupté coupable est ici celle de la curiosité et d’une appropriation usurpée. Certes Éros obtient le pardon de Zeus et calme la jalousie d’Aphrodite. Psyché peut boire l’ambroisie, le nectar de l’immortalité, mais l’amour idéal, voluptueux, lui aura été interdit durant son existence.
Hughes Labrusse
